Que ce soit pour sa valeur nutritionnelle ou les conséquences environnementales de sa production, le Nutella est régulièrement au coeur de nombreuses polémiques. Regardons de plus près tout cela dans cet article.

Ingrédients

Tout d’abord, examinons quels sont les ingrédients du Nutella. Cette fameuse pâte à tartiner ne contient que sept ingrédients, et tous sont relativement bien connus et naturels, ce qui permet aux consommateurs d’éviter une myriade d’additifs et d’édulcorants artificiels que l’on trouve souvent dans les sucreries de nos jours.

Le premier ingrédient de Nutella est le sucre. Le second est l’huile de palme, suivi des noisettes, du cacao, du lait, de la lécithine (soja) et de la vanilline.

Huile de palme

L’ingrédient le plus controversé de cette liste est l’huile de palme. L’huile de palme est extraite du fruit du palmier, qui pousse sur le palmier à huile africain. C’est un ingrédient alimentaire populaire en raison de ses propriétés naturelles et de sa polyvalence : son odeur et son goût sont neutres, il est semi-solide à la température ambiante et confère aux produits une texture onctueuse et lisse.

Les fruits de palme sont récoltés pour être transformés en huile de palme dans le village de Jukwa au Ghana. (1Village Initiative / Creative Commons)

Ceci est particulièrement important pour les produits de confiserie comme le Nutella, car l’utilisation d’huile de palme évite l’utilisation du processus d’hydrogénation (qui crée des graisses trans malsaines dans les produits).

L’huile de palme est également l’huile la plus facile à produire, avec une production d’environ 3,7 tonnes par hectare (environ 2,5 acres), tandis que l’huile de soja, de tournesol ou de colza ont un rendement de production nettement en dessous.

Où se trouve l’huile de palme ?

L’huile de palme est souvent présente de façon plus ou moins cachée dans nos aliments. On peut la trouver dans des aliments allant de la crème glacée jusqu’aux pastabox.

Cependant, l’huile de palme n’est pas simplement utilisée dans les aliments. On la trouve également dans de nombreux produits cosmétiques, tels que le rouge à lèvres et les savons.

En raison de sa popularité, la demande mondiale en huile de palme monte en flèche. Cette demande convainc les agriculteurs des climats tropicaux (notamment l’Indonésie et la Malaisie, où sont cultivés environ 85% de l’huile de palme) à abattre les forêts tropicales et à créer des plantations de palmiers à huile.

Une palmeraie en Malaisie. (Creative Commons)
Et voici où se trouvait autrefois une palmeraie dans la province indonésienne de Riau (juste au sud de la Malaisie). (Hayden / Creative Commons)

La destruction des forêts ombrophiles libère des émissions de dioxyde de carbone. Pour couronner le tout, la biodiversité de ces forêts est compromise et les orangs-outans et d’autres espèces sont de plus en plus menacés par ces déforestations.

Nutella et huile de palme

Ferrero produit du Nutella avec une variété d’autres produits tels que des Kinder, des tic-tac et des chocolats Ferrero RocherLa société a été sévèrement critiquée pour l’utilisation d’huile de palme dans ses produits, ce qui continue à alimenter la demande de plantations de palmiers à huile. En 2015, Segolène Royal (qui était alors Ministre française de l’Environnement) a conseillé aux consommateurs de Nutella de cesser d’en manger s’ils voulaient aider à lutter contre la déforestation des forêts tropicales.

Le groupe Ferrero a réagi en affirmant qu’il utilisait environ 170 000 tonnes métriques d’huile de palme par an, ce qui ne représente que 0,3% de la production mondiale d’huile de palme (60 millions de tonnes). En raison de ces critiques, le groupe Ferrero a pris des mesures de différentes manières pour assurer à ses clients que la société agissait de manière durable et responsable.

Dans un premier temps, le groupe Ferrero a rejoint en 2005 la Table ronde sur l’huile de palme durable (RSPO). RSPO est une organisation à but non lucratif réunissant sept parties prenantes du secteur de l’huile de palme afin de garantir la durabilité de l’huile de palme certifiée par la RSPO sur le plan environnemental et social. En 2013, le groupe Ferrero a déclaré que tous les produits Nutella contiennent 100% d’huile de palme certifiée RSPO, et sont traçables jusqu’à la ligne de plantation et de production.

Le groupe Ferrero a également lancé sa Charte en 10 points sur l’huile de palme en 2013, y figure notamment que l’huile de palme utilisée dans Nutella ne contribue pas à la déforestation, à l’extinction d’espèces, aux émissions de gaz à effet de serre ni aux violations des droits de l’homme.

Afin de mettre en œuvre la charte et de rester transparent sur leur processus, le groupe Ferrero s’est associé à des ONG, notamment « The Forest Trust« .

Le site Web de Nutella contient des informations importantes sur l’huile de palme, notamment sur la manière dont l’huile de palme est récoltée et des réponses aux questions ainsi qu’aux allégations environnementales formulées contre l’entreprise au sujet de cet ingrédient essentiel.

Le site Web contient également des numéros traçable. Le groupe Ferrero affirme avoir une traçabilité de 99,5% des plantations et des pays d’où provient leur huile de palme. Ce chiffre est plus réaliste que l’affirmation de 2013 supposée savoir d’où proviendrait 100% de l’huile de palme du groupe Ferrero.

En outre, les pays producteurs d’huile de palme sont répertoriés : la péninsule malaise produit 75,87% du volume total, la Papouasie-Nouvelle-Guinée 18,17%, la Malaisie insulaire 3,67%, le Brésil 1,2%, l’Indonésie 0,91%, le Guatemala 0,1% et les îles Solomon produisent 0,08%.

Enfin, le groupe Ferrero a également lancé le «projet Fer-Way» en 2014, qui soutient le développement durable.

Le groupe Ferrero s’efforce de donner à la société une apparence durable et soucieuse de l’environnement. Greenpeace a pris la défense de la société après que Ségolène royal, alors ministre française de l’Environnement, ait appelé les consommateurs à boycotter les produits Nutella.

Cependant, il n’y a pas de réponse facile dans cette situation. Des améliorations pourraient certainement encore être apportées en ce qui concerne la durabilité de l’industrie de l’huile de palme.

Des groupes tels que le RSPO impliquent un grand nombre de parties prenantes. Etant donné que toutes les réglementations doivent être adoptées par consensus, les normes de certification actuelles sont établies à un niveau relativement bas afin de contenter toutes les parties prenantes. Les grandes entreprises comme Ferrero ont cependant peut-être le pouvoir de changer le statut quo de l’huile de palme.

Récolte de l'huile de palme à Ashanti, Ghana. (Mike Norton / Creative Commons)

Le rôle du consommateur responsable

Du coup, que doit faire le consommateur soucieux de l’environnement ? Il n’y a pas de solution parfaite ou de réponse facile. Les consommateurs détiennent cependant aujourd’hui un pouvoir considérable sur les entreprises.

Éviter complètement l’huile de palme est non seulement pratiquement impossible, mais pourrait aussi être considéré comme non durable étant donné le nombre de personnes dépendant de cette industrie pour gagner leur vie.

Peut-être une meilleure réponse consiste-t-elle à savoir combien de produits contiennent de l’huile de palme et tenter alors de minimiser la consommation de ces produits, si possible.

Lors de l’achat de produits contenant de l’huile de palme, assurez-vous que les produits sont fabriqués par une entreprise certifiée durable en tant que membre de la RSPO ou une autre organisation similaire.

Si vous êtes un consommateur soucieux de l’environnement, choisissez bien les produits que vous achetez pour montrer aux entreprises que la durabilité n’est pas un choix mais une obligation. Cela ne signifie pas que vous devez vous débarrasser du Nutella, mais peut-être en limiter sa consommation en ne le conservant que pour des occasions spéciales.

Note : Cet article n'est pas mis à jour régulièrement et peut contenir des informations obsolètes ainsi que des erreurs.


Mathilde Loison

Mathilde Loison est une rédactrice indépendante spécialisée dans la rédaction d'article de santé et de nutrition.